Article écrit par Nicolas
Quarante ans après les premières élections européennes au suffrage universel direct, ce scrutin fait toujours débat. Outre les discussions éternelles autour de son intérêt, le discrédit est parfois également jeté sur l’essence même d’une consultation au niveau supranational.
En effet, pour certains, en dehors de la nation, il ne pourrait y avoir de démocratie. Celle-ci serait intrinsèquement liée à cette appartenance commune.
Entendons-nous d’abord sur la notion de démocratie, littéralement le pouvoir du peuple. Difficile de trouver meilleure synthèse que la citation d’Abraham Lincoln, celle du « pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Là dessus, on aurait tort de réduire la terminologie « peuple » à la question de la nation. Ce terme vise davantage les gens, c’est-à-dire la somme de toutes les individualités.
Surtout, c’est oublier que la démocratie n’est pas née dans un cadre national, encore moins dans le système de l’Etat-nation. Bien au contraire. La démocratie est apparue au niveau de la Cité – Athènes en constituant longtemps l’archétype idéal. Il a fallu plusieurs siècles pour que le cadre de la démocratie évolue et atteigne l’ensemble d’un Etat. Dès lors, la suite de cette extension logique semble être un épanouissement de la démocratie en dehors de l’Etat. Avec cette précision toutefois. Pas plus que les Athéniens ne constituaient en eux-même une nation, les Européens tous ensemble ne forment ce cadre-là.
L’erreur ici serait de croire que parce que la démocratie s’exprime à de nouveaux niveaux, elle ne peut plus s’exercer dans les premiers niveaux. Il peut exister plusieurs formes de démocratie, et de participation des citoyens à la vie politique, en fonction des besoins et des problématiques. Ainsi, en France, pourtant modèle de l’Etat-nation, la démocratie se retrouve à différents échelons locaux (des communes aux régions, en passant aujourd’hui par les intercommunalités).
Réduire l’élection de représentants au niveau national revient à se priver de nouvelles formes actions publiques infra et supranational face à des défis qui ne peuvent se résoudre seuls, mais à plusieurs, au niveau inférieur ou supérieur.
Après tout, comme le relevait Ernest Renan dans Qu’est-ce qu’une nation ?, « les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront. La confédération européenne, probablement, les remplacera. » En attendant ce futur potentiel, il importe de faire vivre au niveau supranational une véritable démocratie. Cela passe par une participation forte des citoyens.
Sur les futures élections, voir aussi Elections européennes 2019 : l’abstention pour seul horizon ? et Elections européennes 2019 : à quoi sert le Parlement européen ?
Sur l’écart entre l’Union et les citoyens, voir Europe et citoyens : couple paradoxal
Website: https://regardseuropeen.org/